Ãtats-Unis - HaïtiNoam Chomsky |
Ceux qui se préoccupent dâHaïti voudront naturellement comprendre comment sa tragédie la plus récente sâest déroulée. Pour ceux qui ont eu le privilège dâavoir des contacts avec les gens de ce pays torturé, ce nâest pas seulement naturel, mais câest inévitable. Néanmoins, nous ferions une grave erreur si nous nous concentrions trop étroitement sur les évènements récents ou même simplement sur Haïti. La question essentielle pour nous, câest ce que nous devrions faire par rapport à ce qui se passe. Ce serait vrai même si nous avions des choix et des responsabilités limités ; et encore plus lorsquâils sont énormes et décisifs, comme dans le cas dâHaïti. Ils le sont même plus parce que le déroulement de cette terrible histoire était prévisible depuis longtemps (si nous nâavions pas manqué dâagir pour lâen empêcher). Et manquer dâagir, câest ce que nous avons fait. Les leçons sont claires et tellement importantes quâelles devraient être le sujet dâarticles à la une des quotidiens de la presse libre. En passant en revue les évènements en Haïti peu de temps après que Clinton ait mis en place sa « démocratie rétablie » en 1994, jâai malheureusement été obligé de conclure dans le Z Magazine, quâ« il ne serait pas vraiment surprenant si les opérations haïtiennes devenaient une autre catastrophe » ; si câétait le cas, « câest facile de réciter les expressions consacrées qui permettront dâexpliquer lâéchec de notre mission de générosité dans cette société ratée. » Les raisons étaient évidentes pour tous ceux qui avaient choisi de voir. Les expressions habituelles retentissent à nouveau tristement et sans surprise. Aujourdâhui, un débat très sérieux explique convenablement que la démocratie signifie plus quâun simple tirage de levier de temps en temps. Des conditions sont nécessaires pour quâune démocratie fonctionne. Lâune dâentre elles, câest que la population doit avoir un moyen de savoir ce qui se passe dans le monde ; le monde véritable, pas ce portrait égoïste que nous propose la « presse de lâordre établi », portrait défiguré par son « asservissement au pouvoir dâétat » et « lâhostilité habituelle envers les mouvements populaires », pour citer les termes de Paul Farmer, dont lâouvrage sur Haïti est, à sa façon, peut-être aussi remarquable que ce quâil a accompli dans le pays. En examinant les commentaires et les comptes-rendus habituels sur Haïti, il a écrit en 1993 un article scandaleux qui va de lâépoque de lâinvasion brutale et destructrice de Wilson en 1915 jusquâà aujourdâhui. Les faits sont très solidement documentés, épouvantables et déplorables. Ils sont jugés hors de propos pour les raisons habituelles : ils ne sont pas en conformité avec lâimage obligatoire, et sont ainsi enterrés profondément dans notre mémoire, même si ceux ayant un peu dâintérêt pour le vrai monde peuvent les déterrer. Ces faits, on les trouve, néanmoins, rarement dans la « presse de lâestablishment ». Si on suit lâextrémité plus libérale et cultivée de lâéchiquier politique, la version standard des événements est quâavec les « Etats en échec » comme Haïti et lâIrak, les Etats-Unis doivent sâengager dans une généreuse « construction nationale » pour « étendre la démocratie », un « but noble » mais un but qui peut aller au-delà de nos moyens à cause des insuffisances des objets de notre sollicitude. En Haïti, malgré les efforts dévoués de Washington, de Wilson à Franklin D. Roosevelt, lorsque le pays était occupé par les Marines, « la nouvelle aube de la démocratie haïtienne nâest jamais arrivée. » « Aucun bon souhait américain, ou ses Marines, ne parviendront à installer [la démocratie aujourdâhui] tant que les Haïtiens ne le feront pas eux-mêmes » (H.D.S Greenway, Boston Globe). En 1994, lorsquâil retraçait deux siècles dâhistoire, le correspondant du New York Times R.W. Apple réfléchissait aux tentatives alors en cours de Clinton pour « restaurer la démocratie » : « Comme les Français au 19ème siècle et les Marines qui ont occupé Haïti de 1915 à 1934, les forces américaines qui essaient dâimposer un nouvel ordre feront face à une société complexe et violente sans aucun antécédent démocratique. » Apple semble sâécarter un peu de la norme avec sa référence à lâagression brutale de Napoléon, qui a laissé Haïti en ruines pour empêcher le crime de la libération dans la colonie la plus riche au monde, source dâune grande partie de la fortune française. Mais peut-être cette entreprise répondait-elle au critère fondamental de la générosité : elle était soutenue par les Etats-Unis, qui étaient naturellement indignés et effrayés par « la première nation au monde à faire valoir la liberté universelle pour toute lâhumanité, révélant ainsi la définition limitée de la liberté adoptée par les révolutions française et américaine. » Voilà ce quâécrit lâhistorien haïtien Patrick Bellegarde-Smith, décrivant avec exactitude la terreur dans les états esclavagistes voisins, terreur peu soulagée par le combat de Haïti pour sa libération, avec pertes et fracas, qui avait ouvert la voie à lâexpansion vers lâouest en forçant Napoléon à accepter lâachat de la Louisiane. Les Etats-Unis continuèrent à faire tout ce quâils pouvaient pour étouffer Haïti, allant jusquâà soutenir la France dans son insistance pour que lâîle paie un lourd tribut pour avoir commis le crime de se libérer, fardeau auquel elle nâa jamais échappé. Bien sûr, la France, a rejeté avec un dédain élégant la récente demande dâHaïti, sous Aristide, quâelle octroie au moins des indemnités, oubliant ainsi les responsabilités quâune société civilisée accepterait normalement. Le contexte qui a conduit à la tragédie actuelle est assez clair. Si on commence simplement avec lâélection dâAristide en 1990, Washington était consterné par la sélection dâun candidat populiste par une circonscription électorale locale comme elle lâavait été par la perspective du premier pays libre de lâhémisphère à sa porte deux siècles plus tôt. Les alliés traditionnels de Washington étaient bien entendu dâaccord. « La crainte de la démocratie existe, par nécessité définitionnelle, parmi les groupes dâélite qui monopolisent les pouvoirs économique et politique. » observe Bellegarde-Smith dans sa pénétrante histoire dâHaïti. Que cela soit en Haïti, aux Etats-Unis ou partout ailleurs. La menace démocratique en 1991 était encore plus inquiétante à cause de la réaction favorable des institutions financières internationales (Banque mondiale, Banque interaméricaine de développement) aux programmes dâAristide, ce qui réveilla des inquiétudes traditionnelles de lâeffet « virus » dâune indépendance réussie. Ce sont des thèmes habituels dans les affaires internationales : lâindépendance américaine avait suscité les mêmes inquiétudes chez les dirigeants européens. On perçoit généralement les dangers comme particulièrement graves dans un pays comme Haïti, nation ravagée par la France puis réduite à une misère extrême par un siècle dâintervention américaine. Si des gens dans des circonstances aussi extrêmes peuvent prendre leur destin en main, qui sait ce qui pourrait se passer ailleurs lorsque la « contagion se répandra ». Lâadministration Bush I a réagi au désastre de la démocratie en transférant lâaide au gouvernement élu démocratiquement vers ce quâon appelle les « forces démocratiques » : les élites riches et les milieux dâaffaires qui, avec les assassins et les tortionnaires des forces militaires et paramilitaires, avaient été applaudis par les dirigeants actuels à Washington, dans leur phase reaganienne, pour les progrès réalisés dans le processus dâ « évolution démocratique », ce qui justifiait une nouvelle aide considérable. Les éloges répondaient à la ratification par le parlement haïtien dâune loi accordant au tueur et tortionnaire client de Washington Baby Doc Duvalier la possibilité de suspendre les droits de tout parti politique sans raisons. La loi fut votée par une majorité de 99,98 %, ce qui marquait donc une étape positive vers la démocratie si on la compare aux 99 % de la loi de 1918 autorisant les sociétés américaines à transformer le pays en plantation américaine, votée par 5 % de la population après la dispersion du parlement haïtien sous la menace des armes des Marines de Wilson parce que ses membres avaient refusé dâaccepter cette « mesure progressive », essentielle au « développement économique. » Lâattitude des « Reaganiens » à Baby Doc et à son encouragement à la démocratie était caractéristique (partout dans le monde) des visionnaires qui enchantent maintenant lâopinion éduquée avec leur dévouement à apporter la démocratie dans un monde qui souffre, bien que, câest certain, leurs véritables exploits soient réécris avec goût pour satisfaire les besoins actuels. Les réfugiés fuyant aux Etats-Unis la terreur des dictatures soutenues par ces derniers ont été renvoyés par la force, en violation flagrante des lois humanitaires internationales. La politique a été inversée lorsquâun gouvernement élu démocratiquement est arrivé au pouvoir. Bien que le flot de réfugiés se soit considérablement réduit, ils se sont vus, pour la plupart, accorder lâasile politique. Tout est revenu à la normale lorsquâune junte militaire a renversé le gouvernement dâAristide au bout de sept mois ; les atrocités terroristes dâEtat ont atteint de nouveaux records. Les auteurs étaient lâarmée (héritiers de la Garde Nationale laissée par les envahisseurs de Wilson pour contrôler la population) et ses forces paramilitaires. La plus importante dâentre elles, FRAPH, avait été fondée par le pion local de la CIA, Emmanuel Constant - qui vit maintenant tranquillement dans le Queens - Clinton et Bush II qui ont rejeté les demandes dâextradition, parce quâil révèlerait les liens entre les Etats-Unis et la junte meurtrière. Les contributions de Constant à la terreur dâEtat avaient été maigres, après tout : il nâest que le principal responsable du meurtre de 4 à 5000 pauvres noirs. Souvenons-nous de lâélément essentiel de la doctrine Bush, qui est « déjà devenue une règle de facto des relations internationales », écrit Graham Allison dâHarvard dans Foreign Affairs : « Ceux qui hébergent les terroristes sont aussi coupables que les terroristes eux-mêmes, » selon les paroles du Président, et doivent être traités en conséquence, par un bombardement et une invasion massifs. Lors du renversement dâAristide par le coup dâEtat militaire de 1991, lâOrganisation des Etats américains (OEA) déclara un embargo. Bush I annonça que les Etats-Unis le violerait en exemptant les sociétés américaines. Selon le New York Times, il « réglait avec précision » lâembargo au bénéfice de la population souffrante. Clinton autorisa même de plus grandes violations : le commerce américain avec la junte et ses sympathisants fortunés augmenta brusquement. Lâélément crucial de lâinterdiction était, bien entendu, le pétrole. Pendant que la CIA déclarait solennellement au Congrès que la junte « se retrouvera probablement sans carburant et électricité très rapidement » et que « les efforts de nos services de renseignements sont axés sur la détection des tentatives de faire échouer lâembargo et surveiller son impact, » Clinton autorisait en secret la Texaco Oil Company à expédier illégalement du pétrole à la junte en violation des instructions présidentielles. Cette remarquable révélation fut à la une des télégrammes dâAP le jour précédent lâenvoi par Clinton de Marines pour « rétablir le démocratie, » impossibles à rater, (je les surveillais justement ce jour-là et je lâai vu répété maintes et maintes fois) et fut évidemment dâune importance immense pour tous ceux qui voulaient comprendre ce qui se passait. Cette information fut supprimée avec une discipline véritablement impressionnante, bien que les journaux de lâindustrie en parlent tout comme la mention insuffisante enterrée dans la presse dâaffaires. Ce qui fut aussi supprimé avec efficacité, ce sont les conditions essentielles que Clinton avait imposées au retour dâAristide : quâil adopte le programme du candidat perdant des élections de 1990 (soutenu par les Etats-Unis), un ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, qui avait récolté 14 % des votes. Nous appelons cela « rétablir la démocratie, » une illustration primordiale de la façon dont la politique étrangère américaine est entrée dans une « période noble » avec une « auréole sainte, » selon la presse nationale. Le programme néolibéral sévère quâAristide avait été obligé dâadopter garantit pratiquement la démolition des parcelles restantes de la souveraineté économique, étendant la législation progressive de Wilson et les mesures similaires imposées par les Etats-Unis depuis. Alors que la démocratie était, de ce fait, rétablie, la Banque mondiale annonça que « lâEtat restauré doit se concentrer sur une stratégie économique centrée sur lâénergie et lâinitiative de la Société civile, plus particulièrement le secteur privé, national comme étranger. » Cela a le mérite dâêtre honnête : la Société civile haïtienne comprend une minuscule élite privilégiée et des sociétés américaines, mais pas la grande majorité de la population, les paysans et les habitants des taudis qui avaient commis le grave crime de sâorganiser pour élire leur président. Les fonctionnaires de la Banque mondiale expliquèrent que le programme néolibéral bénéficierait à la « classe dâaffaires plus ouverte, éclairée » et aux investisseurs étrangers, tout en nous assurant quâil « ne va pas faire de mal aux pauvres comme dans dâautres pays » sujets à lâajustement structurel, parce que les pauvres haïtiens manquaient déjà de la protection minimale dâune bonne politique économique, telle que les subventions pour les produits de base. Le ministre dâAristide en charge du développement rural et des réformes agraires ne fut pas avisé des projets à imposer sur cette société majoritairement paysanne pour la faire retourner par les « bons souhaits de lâAmérique » sur les rails desquels elle avait dévié brièvement après lâélection regrettablement démocratique de 1990. Les affaires ont ensuite poursuivi leur cours prévisible. En 1995, un rapport de lâUSAID expliquait que le « commerce par les exportations et la politique dâinvestissements » que Washington imposait allait « inexorablement faire pression sur les riziculteurs nationaux » qui seraient obligés de se tourner vers lâagro-exportation, avec des bénéfices accessoires pour lâagrobusiness et les investisseurs américains. En dépit de leur extrême pauvreté, ces riziculteurs sont plutôt efficaces mais ne pourraient pas du tout rivaliser avec lâagrobusiness américain, même si ce dernier ne tirait pas 40 % de ses profits des subventions gouvernementales, brusquement augmentées avec les Reaganiens [Bush II] de retour au pouvoir, qui continuent dâoffrir une rhétorique éclairée sur les miracles du marché. On lit maintenant quâHaïti ne peut pas se nourrir, autre signe dâun « Etat en faillite. » Quelques petites industries pouvaient encore fonctionner, comme par exemple, la production de morceaux de poulet. Mais les conglomérats américains ont un énorme excédent de dark meat [la chair des cuisses de la volaille utilisées comme nourriture] et exigèrent donc le droit de le déverser en Haïti. Ils essayèrent de faire la même chose au Canada et au Mexique, mais là le dumping illégal pouvait être interdit. Pas en Haïti, obligé de se soumettre aux principes de marché efficaces du gouvernement américain et des sociétés quâil sert. On pourrait remarquer que le proconsul du Pentagone en Irak, Paul Bremer, avait donné lâordre dây établir un programme tout à fait identique, avec les mêmes bénéficiaires en tête. On appelle cela aussi « améliorer la démocratie ». En fait, ce dossier, hautement révélateur et important, date du 18ème siècle. Des programmes identiques avaient eu un énorme rôle à jouer dans la création du Tiers Monde actuel. Pendant ce temps, les puissants ignorèrent les règles, sauf quand ils pouvaient en tirer profit, et réussirent à devenir de riches sociétés développées. De façon spectaculaire, les Etats-Unis, qui ont montré la voix du protectionnisme moderne, plus particulièrement depuis la Deuxième guerre mondiale, se sont appuyés impérativement sur le secteur public dynamique pour lâinnovation et le développement, socialisant ainsi le risque et les coûts. La punition contre Haïti devint plus sévère sous Bush II - il existe des différences à lâintérieur du champ restreint de la cruauté et de la cupidité. Lâaide fut supprimée et les institutions financières subirent la pression pour faire de même, sous des prétextes trop saugrenus pour mériter discussion. Le livre de Paul Farmer, Uses of Haiti, et quelques commentaires de la presse actuelle, notamment ceux de Jeffrey Sachs (Financial Times) et Tracy Kidder (New York Times), les étudient en profondeur. Si lâon met les détails de côté, ce qui sâest passé depuis est étrangement identique au renversement du premier gouvernement démocratique haïtien de 1991. Le gouvernement dâAristide, une fois encore, a été ébranlé par les planificateurs américains, qui avaient compris, sous Clinton, que lâon peut triompher de la menace de la démocratie si la souveraineté économique est éliminée, tout comme ils avaient sans doute compris que le développement économique serait aussi une faible lueur dâespoir dans de telles conditions, une des leçons les mieux confirmées de lâhistoire économique. Les planificateurs de Bush II sont encore plus dévoués à saper la démocratie et lâindépendance, et méprisent Aristide et les organisations populaires qui lâont amené au pouvoir peut-être encore plus que leurs prédécesseurs. Les forces qui ont reconquis le pays sont principalement des héritières des terroristes militaires et paramilitaires installées par les Etats-Unis. Les personnes résolues à détourner lâattention du rôle des Etats-Unis feront valoir que la situation est plus complexe - comme câest toujours vrai - et quâAristide était lui aussi coupable de nombreux crimes. Câest vrai, mais sâil avait été un saint, la situation aurait évolué dâune façon peu différente, comme câétait évident en 1994, quand le seul véritable espoir était quâune révolution démocratique aux Etats-Unis rende possible le changement de politique dans une direction plus civilisée. Ce qui se passe en ce moment est épouvantable, peut-être irréparable ; et toutes les parties ont de nombreuses responsabilités à court terme. Mais la bonne façon de procéder pour les Etats-Unis et la France est très claire. Ils devraient commencer par payer dâénormes réparations à Haïti (la France est peut-être encore plus hypocrite et scandaleuse que les Etats-Unis à cet égard). Néanmoins, cela demande de construire des sociétés démocratiques qui fonctionnent et dans lesquelles, au minimum, les gens ont la chance de savoir ce qui se passe. Les commentaires sur Haïti, lâIrak et les autres « sociétés en faillite » sont plutôt vrais parce quâils soulignent lâimportance de surmonter le « déficit démocratique » qui réduit considérablement lâimportance des élections. Néanmoins, le corollaire évident nâest pas établi : la leçon sâapplique par excellence à un pays où « la politique est lâombre jetée sur la société par les grandes entreprises » selon les paroles de John Dewey, le philosophe social américain le plus important, qui décrit son propre pays à une époque où le fléau était loin de sâêtre répandu comme aujourdâhui. Pour ceux qui se sentent concernés par la démocratie et les droits humains, les tâches élémentaires chez eux sont aussi suffisamment claires. Elles ont été accomplies auparavant, sans le moindre succès, et dans des conditions difficilement comparables ailleurs, comme les bidonvilles et les collines de Haïti. Nous ne sommes pas obligés dâaccepter, volontairement, de vivre dans un Etat en faillite qui souffre dâun énorme déficit démocratique. |